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30 août 2013 | Interviews | 9ème Rencontre Internationale de la Marche Mondiale des Femmes | Résister au néolibéralisme | Droits Humains | Genre
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Adèle Karabagi, de République Démocratique du Congo (RDC), a occupé hier la tente de la solidarité organisée au Mémorial de l’Amérique Latine de Sao Paulo (Brésil), dans le cadre de la 9ème Rencontre Internationale de la Marche Mondiale des Femmes (MMF), qui se déroule du 26 au 31 août. Elle a voulu partager avec les autres participantes son vécu et son témoignage sur la situation dramatique de son pays, en conflit depuis plus de vingt ans, mais surtout souligner les conditions parfois inhumaines dans lesquelles les femmes vivent dans cette région des Grands Lacs.
Depuis le génocide perpétré au Rwanda en 1994, la vie de la femme congolaise est un calvaire, a raconté Adèle à l’assemblée présente. Ces femmes vivent au quotidien les violences des policiers, des soldats de l’armée régulière et des miliciens, mais aussi des civils. « Une situation qui la déshumanise », affirme Adèle. Au coeur des conflits qui s’éternisent dans le pays, la femme est chosifiée, son corps est utilisé comme arme et champ de bataille, à un tel point que parfois pour de nombreuses femmes la vie ne vaut plus la peine d’être vécue, selon l’intervenante.
Cette guerre, bien que présentée comme ayant pour origine un conflit entre congolais, a été importée : par les multinationales, mais aussi par la Communauté Internationale, afin d’utiliser la présence de nombreux réfugiés du génocide, dont l’afflux et la présence en République Démocratique du Congo n’a pas été suffisamment planifiée et dont le contrôle a échappé aux commanditaires du conflit.
Lorsque les réfugiés sont arrivés en RDC, les femmes congolaises ont commencé à organiser des actions de solidarité, afin de collecter des habits, de la nourriture, et de quoi vivre. Mais la seconde guerre au Congo éclate en 1998, en opposant deux factions : le Mouvement de libération du Congo (MLC), soutenus par l’Ouganda, et les Tutsis du Rassemblement congolais pour la démocratie (RCD) soutenu par le Rwanda. Le gouvernement de la RDC, basé à Kinshasa, arme de son côté des milices d’autodéfense, les Mai-Mai, et les FDLR (rebelles hutus rwandais) pour lutter contre les rebelles.
Dès lors, de nombreux cas de viols et de crimes ont commencé à être enregistrés. Adèle a alors évoqué de terribles actions, d’une violence inouïe : outre les viols collectifs et les mutilations (insertion d’instruments dans les vagins des femmes, amputations), les femmes furent soumises à l’esclavage sexuel dans les campagnes environnantes. Celles qui essayaient de se soulever contre ces atrocités furent réprimées à mort, à l’instar de ces 14 femmes enterrées vivantes après avoir été torturées. Certains des corps de ces femmes furent utilisés comme nourriture par et pour les soldats.
Aujourd’hui les femmes congolaises réclament la justice, après des années d’humiliations et de traitements inhumains : des petites filles comme des femmes âgées furent violées et mutilées à jamais. Beaucoup d’enfants sont aujourd’hui orphelins, vivent dans la rue et nourrissent les groupes armés en étant intégrés aux conflits lorsqu’ils grandissent.
Adèle a également ajouté que l’enjeu économique est important en RDC. La présence de minerais attise le degré de conflictualité dans la région et motive les multinationales à encourager les massacres.
« La femme congolaise souffre, mais elle ne veut pas qu’on la considère comme une victime », a conclu Adèle.
Photo : Radio Mundo Real
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