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1er juillet 2013 | Interviews | Honduras libre | Accaparement des terres | Résister au néolibéralisme | Droits Humains | Genre | Militants sociaux en danger | Souveraineté Alimentaire | VIème Conférence Internationale Via Campesina
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« Nous devons créer les conditions de dignité et d’égalité pour les paysannes du monde entier », a dit à Radio Mundo Real la représentante de la Vía Campesina en Amérique Centrale, Wendy Cruz. La dirigeante du Honduras nous a exposé sa vision de la situation des paysannes de diverses parties du monde et de l’enjeu de la parité entre les hommes et les femmes dans la lutte pour la souveraineté alimentaire.
Wendy Cruz a aussi insisté sur la nécessité d’un compromis afin de renforcer la campagne de Via Campesina contre la violence envers les femmes, afin de contribuer à la construction de la justice sociale au niveau international.
Le Honduras, son pays d’origine, est gouverné par la succession du coup d’Etat de 2009, où plus de 30 personnes sont poursuivies et assassinées chaque jour, et où des dizaines de journalistes furent tués ces quatre dernières années, de même que plus de 100 paysans dans la zone de Bajo Aguán, située dans le département de Colón.
La paysanne a été interviewée par Radio Mundo Real durant la 6ème Conférene Internationale de la Via Campesina, qui s’est déroulée dans la capitale indonésienne, Jakarta, du 6 au 13 juin, et au terme de la 5ème Conférence Internationale des Femmes du mouvement.
Cruz a mentionné les principaux défis que la Via Campesina doit affronter. Le mouvement a pour elle le devoir de prendre en considération et de débattre sur les questions du féminisme au sein du mouvement paysan et populaire, et c’est pour cela que les femmes de la Via Campesina ont intégré cette thématique dans leur Manifeste. De même, a également été inclu l’enjeu de l’insécurité dans lequel elles vivent au quotidien, qui se traduit bien souvent par la violence et les migrations forcées.
« Un autre axe fondamental que nous posons est notre préoccupation pour tout ce qui concerne le sujet de la militarisation, qui apparait dans tous les pays, et où les femmes sont les premières touchées ».
La contribution des femmes au mouvement paysan dépasse de loin leur participation à l’organisation. Ainsi, elles sont à l’origine de plus de la moitié de la production alimentaire mondiale. Autour de 60% des aliments qui arrivent dans nos assiettes à travers le monde entier sont produits par des femmes. C’est pourquoi l’une des propositions de la Via Campesina consiste à lutter pour une souveraineté alimentaire qui renforce la justice entre les genres.
« On parle ici de petite et de moyenne agriculture, et non pas d’une agro-industrie qui nourrirait le monde. Car ce sont bien les paysans et les paysannes" qui se chargent de nourrir l’humanité, a précisé Cruz.
En cela, la proximité qu’entretiennent les femmes avec la terre s’exprime dans certaines pratiques telles que l’agro-écologie. Pour Wendy Cruz, elles doivent être renforcées afin de pouvoir résister à certains phénomènes tels que le changement climatique.
« Nous vivons une crise alimentaire, une crise climatique, et une amie me disait que nous connaissons jusqu’à une crise de valeurs, d’éthique et de morale, c’est donc un défi que nous avons, nous les femmes et tout le mouvement paysan en général, d’impulser de réels processus collectifs, comme l’égalité des genres, des processus conscients que nous les hommes et les femmes sommes nécessaires, et devons travailler main dans la main, ensemble ».
Elle se réjouit du fait que les femmes aient réussi à s’imposer et à s’organiser au sein du mouvement, et a répété leur slogan « Nous sommes les semeuses de la souveraineté alimentaire ». Elle a aussi étendu à l’idée d’un monde plus juste son appel aux femmes du monde entier, à revendiquer leurs droits et leur dignité.
Par ailleurs, les larmes aux yeux, Cruz a parlé de la situation du Honduras, du fait que le pays vive une grave crise en ce qui concerne les droits de l’Homme, qui affecte surtout les peuples indigènes et les paysans, qui luttent pour l’accès à la terre. Près de 3 000 personnes sont actuellement emprisonnées pour le simple fait de réclamer ce meilleur accès à la terre, en plus de la centaine de personnes poursuivies et assassinées lors du coup d’Etat de 2009.
Ainsi, les leaders des mouvements indigènes et paysans se sont impliqués dans une "lutte de résistance quotidienne". Quelques semaines auparavent s’est organisé un grand mouvement de défense populaire en faveur de Bertha Cáceres, leader du Conseil Civique des Organisations Populaires et Indigènes du Honduras (COPINH), qui avait été arbitrairement inculpée. Finalement la dirigeante a fini par être relaxée, mais les mouvements et les organisations sociales restent vigilants sur ce sujet.
Wendy a rappelé l’importance d’une « solidarité internationale », qui ne perde pas de vue la situation au Honduras, où les persécutions et les assassinats sont couplés d’un taux de pauvreté de 74%. Selon l’activiste, rien n’est réellement attendu de la part de la justice, puisqu’il existe des lois qui criminalisent la protestation sociale. La police a ainsi ouvertement déclaré « la guerre » au peuple hondurien, pour Wendy Cruz. Bajo Aguán reste ainsi la région où se concentrent la lutte et la résistance pour l’accès aux terres, qui sont les plus riches en ressources du pays.
« Il est regrettable de savoir que toutes les semaines, tous les quinze jours, ils tuent l’un de nos compagnons, mais nous ne pouvons pas non plus renoncer au combat ».
Selon la militante, le coup d’Etat de 2009 a laissé place à un contexte politique où il n’y a plus d’institutions, mais des dirigeants qui volent leurs ressources et leurs terres aux populations. La récente approbation des « villes modèles » représente pour elle une véritable violation de la souveraineté de la population. Wendy Cruz a enfin évoqué une proposition en cours, afin de créer une délégation d’observateurs internationaux, garantissant que le processus électoral hondurien du mois de novembre se déroule sans fraudes.
Foto : Vía Campesina.
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